-Si si, c'était bien, rafraîchissant, mais t'y étais pas toi ? J'ai cru voir Chloé.
-J'y suis resté deux minutes, à peine eu le temps de m'asseoir, Barbe m'a fait demander pour l'aider à changer un foyer fêlé sur une cuisinière à bois dans le village.
-Ça pouvait pas attendre.
-Ben non, ils ont que ça pour se chauffer et faire à bouffer, un foyer pété ça urge.
-Tout le monde vient toujours te chercher pour un oui ou pour un non, c'est toi qui gères la boutique, en fait.
-Y'a pas de chef ici.
-Ouais, d'accord, c'est ce que me dit Jaurès, mais en attendant, si tu n'es qu'un pelé parmi les tondus, j'aimerais bien savoir pourquoi ton nom est sur toutes les lèvres.
-Sans doute à cause de mon charme ébouriffant.
-Bien sûr, mais le problème c'est que tout le monde le dit que tu tiens le bouclard, tu peux pas l'avouer ? C'est secret-défense ?
-Non mais je dirige pas, c'est un peu plus compliqué que ça.
-Comment ça ? Tu diriges ou pas, non ? Je vois pas où le bât blesse.
-En fait, quand on est arrivés ici, après ce qu'on avait vécu en ville, on était tous d'accord sur un truc, on ne se plierait pas à un nouveau simulacre d'autorité, on ne voulait plus entendre parler de hiérarchie. À notre échelle, ça a bien fonctionné, rien d'insurmontable, il suffisait de se réunir pour prendre une décision, et nous partagions tous à peu près les mêmes vues. Puis on a fait venir des gens, des connaissances, des moins connus puis des inconnus, et avec le nombre, sans qu'on y puisse grand chose, une hiérarchie s'est créée, un groupe de vétérans en quelque sorte. Il y a bien eu quelques nouveaux pour s'intéresser au bon fonctionnement de la communauté, mais les autres s'en foutaient, et puis ils avaient autre chose à faire. C'est pas facile d'arriver ici, même avec de l'aide.
-Et du coup tu as pris les choses en main.
-Non, j'en veux pas de l'autorité, on s'est attaché au contraire à intervenir le moins possible, et toujours après une décision collégiale, tout le monde pouvait venir participer aux débats. Le problème, c'est que ce laisser-faire auquel on tenait tant a provoqué des tensions, avec cette idée d'autogestion on a laissé dégénérer des trucs pas chouettes, et il y en a qui ont voulu reprendre les choses en main.
-Les Bénévolents.
-Oui, entre autres, mais ça a été un joyeux bordel, chacun prêchait pour sa paroisse, c'est à ce moment-là qu'il y a eu la scission de tous les groupes.
-Et comme tu étais le plus attaché de tous à cette forme d'anarchie, tu as été obligé d'intervenir pour qu'elle soit conservée, en niant tous tes principes.
-Bingo.
-J'y suis resté deux minutes, à peine eu le temps de m'asseoir, Barbe m'a fait demander pour l'aider à changer un foyer fêlé sur une cuisinière à bois dans le village.
-Ça pouvait pas attendre.
-Ben non, ils ont que ça pour se chauffer et faire à bouffer, un foyer pété ça urge.
-Tout le monde vient toujours te chercher pour un oui ou pour un non, c'est toi qui gères la boutique, en fait.
-Y'a pas de chef ici.
-Ouais, d'accord, c'est ce que me dit Jaurès, mais en attendant, si tu n'es qu'un pelé parmi les tondus, j'aimerais bien savoir pourquoi ton nom est sur toutes les lèvres.
-Sans doute à cause de mon charme ébouriffant.
-Bien sûr, mais le problème c'est que tout le monde le dit que tu tiens le bouclard, tu peux pas l'avouer ? C'est secret-défense ?
-Non mais je dirige pas, c'est un peu plus compliqué que ça.
-Comment ça ? Tu diriges ou pas, non ? Je vois pas où le bât blesse.
-En fait, quand on est arrivés ici, après ce qu'on avait vécu en ville, on était tous d'accord sur un truc, on ne se plierait pas à un nouveau simulacre d'autorité, on ne voulait plus entendre parler de hiérarchie. À notre échelle, ça a bien fonctionné, rien d'insurmontable, il suffisait de se réunir pour prendre une décision, et nous partagions tous à peu près les mêmes vues. Puis on a fait venir des gens, des connaissances, des moins connus puis des inconnus, et avec le nombre, sans qu'on y puisse grand chose, une hiérarchie s'est créée, un groupe de vétérans en quelque sorte. Il y a bien eu quelques nouveaux pour s'intéresser au bon fonctionnement de la communauté, mais les autres s'en foutaient, et puis ils avaient autre chose à faire. C'est pas facile d'arriver ici, même avec de l'aide.
-Et du coup tu as pris les choses en main.
-Non, j'en veux pas de l'autorité, on s'est attaché au contraire à intervenir le moins possible, et toujours après une décision collégiale, tout le monde pouvait venir participer aux débats. Le problème, c'est que ce laisser-faire auquel on tenait tant a provoqué des tensions, avec cette idée d'autogestion on a laissé dégénérer des trucs pas chouettes, et il y en a qui ont voulu reprendre les choses en main.
-Les Bénévolents.
-Oui, entre autres, mais ça a été un joyeux bordel, chacun prêchait pour sa paroisse, c'est à ce moment-là qu'il y a eu la scission de tous les groupes.
-Et comme tu étais le plus attaché de tous à cette forme d'anarchie, tu as été obligé d'intervenir pour qu'elle soit conservée, en niant tous tes principes.
-Bingo.
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