Que faire ? J'allais pas rester là, je suis rentré à l'épicerie, discrètement, dans la nuit, à pied, putain c'était interminable, je ne devinais la route qu'à son côté pelé, c'est l'herbe gorgée de rosée, en me trempant les pieds, qui m’empêchait de m'écarter du droit chemin, abruti obstiné, alors que Jaurès devait me chercher partout dans la bibliothèque.
C'était plein de bruits originaux qui grignotaient avidement la nuit, comme un jour de marché dans un tunnel, mais je n'avais pas peur, ça m'accompagnait, ça m'obligeait à une certaine attention, à ne pas penser, parfois j'entendais comme des cheveux qui marchaient, des cheveux autonomes, et d'autres fois des frottements, des frictions de plantes, du fenouil j'aurais dit.
Au bout du tunnel, j'avais bien compté me glisser comme une ombre dans l'épicerie et gagner ma chambre sans bruit, mais Corentin était dehors, les yeux perdus dans le ciel, à veiller les étoiles.
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