Et je me suis réveillé plié en forme d'accordéon diatonique, sur la caisse qui nous servait de chaise, aussi vaillant qu'un vieil arthritique, elle avait disparu déjà, et le camp s'éveillait d'une plainte qui singeait le cri de gamelles entrechoquées, l'odeur du glafé chaud m'évoqua les sous-bois, mais dans le mauvais sens du terme. J'étais groggy, j'avais froid, et un peu honte d'avoir passé tant de temps à la regarder dormir, et à me demander à quel jeu nous jouions.
Deux tasses de jus de glands plus tard, nous sommes repartis, et j'avais soudain hâte d'aller me faire désosser par Marcelle, histoire de mettre un peu de distance entre Avril et moi, d'étrangler à mains nues cette gêne qui s'installait peu à peu entre nous, et de rêver tout bas à de tendres retrouvailles.
Je ne comprends pas cette façon qu'elle a de me témoigner de l'intérêt tout en maintenant une distance réglementaire, elle a pourtant cet embarras léger lorsqu'elle m'éloigne, et des apparences de regret quand elle emploie de grosses ficelles pour le faire, comme si, sans y toucher, elle voulait me montrer qu'elle agissait contre son gré, mais pas un mot là-dessus, et si je tente d'aborder le sujet, il est bien vite éludé.
Je vais essayer de me faire oublier pendant le retour...
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