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Et j'apprends peu à peu qu'au fil du temps, le premier noyau dur des réraux, qui ici furent plutôt des colons, puisque presque tous s'étaient enfuis des villes pour rejoindre le plateau, s'est scindé en plusieurs communautés qui poursuivaient des buts différents, ou n'imaginaient pas de la même façon la possible pérennité de leur mode de vie. Les gens qui gravitent autour de l'épicerie furent longtemps l'épine dorsale de la communauté, un genre de gouvernement informel, disposant d'un pouvoir d'infléchissement des mentalités plus que d'une autorité réelle, et les connaissant un peu, je pense qu'il a été dès le début primordial pour eux de ne pas répéter le schéma d'oligarchie pseudo-démocratique qu'ils venaient de quitter. Puis, le temps passant, de petits groupes s'inquiétèrent de cet aspect très libertaire qu'avait la gestion des affaires, et des dérives que pouvait occasionner trop de permissivité, d'autres souhaitèrent vivre plus en accord avec la grande sauvagerie qui les entourait, d'autres voulurent s'immerger plus encore au sein des nouveaux métiers qu'ils avaient découvert ici, dans une sorte de compagnonnage... Et c'est ainsi que naquirent les Bénévolents, les Cabaniers, le clan des Centaures, la confrérie des Chasseurs, les Tatoués, les Kirghizes, et j'en passe...