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Je ne sais pas qui s'est endormi le premier, nous étions sans doute tous deux gênés par l'étranger si proche, que le sommeil à venir allait lier dans la communauté de la fatigue. Que de questions aussi, pour elle je représente sans doute une menace, ceux qui vivent ici dans une relative invisibilité n'ont probablement pas la moindre envie d'être découverts, comment vont-ils pouvoir s'arranger avec mon existence ? Pour eux je ne vais pas être une mince affaire, je ne suis guère plus gros qu'une épine, mais ma présence ici risque d'être bien plus qu'urticante. Je la regarde dormir, il est encore tôt, elle s'est roulée en boule dans sa vieille couverture, ses cheveux dans le mouvement sont venus couvrir sa bouche, et seul leur vol régulier trahit son souffle léger, elle paraît si jeune dans cette posture d'enfant, si fragile soudain, j'aimerais tant qu'elle ait perçu ma sincérité ce soir, mais ce ne sont pas quelques mots qui vont d'un coup gommer mon existence et ma profession, il faudra du temps, il faudra que l'on m'en laisse...