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J'avoue que l'endroit ne me paraît pas très accueillant, il y a si longtemps que je n'ai pas vu d'arbres que leur stature m’impressionne un peu. Et puis je suis face à un climax, un taillis adulte rempli d'arbres sauvages. Lorsque le moteur de la camionnette a poussé son dernier hoquet, j'étais émerveillé par ce petit bois touffu qui montait ardemment vers l'est, et mon premier désir fut de remplir en vitesse un petit sac et foncer voir ce que me réservait ce petit bout d'ailleurs. Mais tout en approchant, le calme et l'obscurité du lieu m'ont un peu refroidi, de plus la nuit s'annonçait, et si je voulais faire un feu et manger chaud, il n'y avait plus de temps à perdre, j'aurais demain tout le jour devant moi pour m'extasier sur cette excitante friche. J'ai mangé ce soir-là une de ces rations immondes que je connais par cœur avec un plaisir exquis, celui du type qui est enfin arrivé à destination, et j'ai dormi comme un loir en rêvant d'herbes folles et d'arbres fiers. Ce n'est que le lendemain que j'ai lentement pris conscience que quelque chose ne collait pas.