Les Délaissés : trois blogs pour une seule histoire, vue par trois personnages différents. Les trois blogs peuvent se lire séparément.
Voici l'histoire de Lu.
L'histoire de Camille est accessible en cliquant sur le lien ci-contre : Les Délaissés 2, celle d'Iris ici : Les Délaissés 3
On consultera d'autre part avec profit L'encyclopédie des Délaissés
Et aussi (dans un autre registre) : dOg, Du sarin dans le plastibulle, On verra bien, La brosse à reluire,L'agrégonaute et Le valet de carreau

288

Avec Avril on n'arrive pas à profiter de cet instant suspendu qui s'installe autour de l'épicerie. Parce que l'envie n'y est pas ? Parce que l'attente est insupportable ? Parce que Barbe ne veut pas que sa fille découche par les temps qui courent ?

287

Tout le monde se casse maintenant, et rentre vite se barricader, la peur s'est installée et brise un fragile équilibre : le bonheur ?

286

Un village de vacances, à priori c'est des types bizarres qui vivent au bord du lac dans un village de vacances abandonné qui ont fait le coup. Évidemment pendant la réunion d'urgence ça s'est fritté, on l'entendait depuis dehors, mais ils ont finalement décidé assez rapidement d'envoyer un petit groupe rapide à cheval pour prêter main forte et aider à défendre l'Astrée en cas de récidive, et ils monteront une deuxième expédition plus conséquente suivant les besoins remontés par l'Astrée, expédition qui en profitera pour aller voir les fameux tatoués -- qui ont l'air d'être des gros bras pas sympathiques du tout -- et dont je ferait partie, vient de me dire Corentin. Jaures est remonté comme une pendule, il veut aller leur péter la gueule, et comme d'habitude, Corentin est beaucoup plus mesuré. Du coup je n'appréhende pas tant que ça, je lui fais plutôt confiance, il a l'air de savoir ce qu'il fait. Il y a cette petite aussi, Feuille je crois, qui traîne avec les centaures et qui est une tatouée, elle a expliqué à Corentin toute une histoire de pouvoir, de factions et de divisions, insistant sur le fait que les exactions avaient été commises par un tout petit groupe, et elle a l'air sincèrement inquiète pour le reste du groupe des tatoués. Et je sais que Corentin va en tenir compte. Ça me permettra peut-être de redorer mon blason auprès d'Avril.

285

Je tourne en rond sans savoir quoi faire. Avril est partie aux nouvelles, autour de moi c'est l'effervescence. Tous semblent savoir ce qu'ils ont à faire, et s'agitent comme des petits comprimés. Je ne sais pas ce que je dois faire.

284

C'est au petit déjeuner que la nouvelle tombe, l'Astrée a été attaquée pendant que nous faisions la fête, il y a des blessés, peut-être graves, on ne sait pas trop. Tout le monde est complètement abasourdi par la nouvelle, mais très vite, ceux de l'épicerie réagissent et forment un quorum constitué de trois membres de chaque communauté participante à la fête, et de tout ceux de l'Astrée qui sont présents, afin de décider de la marche à suivre, un docteur se trouvant déjà sur place d'après Sorcier, qui est un des docteurs itinérant du plateau et qui était présent à la fête.

283

Et je m'agace après le vieux, je m'énerve, Avril me console, me caresse, je m'énerve, je m’excite, nous nous conjuguons enfin en fondant dans la nuit. C'est la rosée qui nous réveille, ça commence à s'agiter un peu partout dans les fourrés, personne n'est assez habillé pour apprécier la fraîcheur du matin. On est bien quand même, là tout les deux peau contre peau, sans que le besoin de dire quoi que ce soit ne s'interpose, et pourtant une ombre m'obscurcit, une ombre que je ne sais nommer.

282

Bien sûr que le vieux méchant tordu n'est pas si méchant ni si tordu. Mais si, je comprends qu'un père s'inquiète pour sa fille adoptive. N'empêche, si ce vieux borné avait au moins fait l'effort de me connaître.

281

Je baille, je rote, de la framboise, mais pas que... Je sens les doigts doux d'Avril maintenir une pression ferme autour de ma main, tandis que l'herbe défile et qu'autour de nous les bosquets renvoient des bruits de feuilles froissées et des soupirs, comme si les feuilles mortes expiraient dans un dernier frôlement. Sur l'herbe tendre nous nous allongeons, enlaçons, et je vois sur le front de ma toute belle cette nouvelle ride dont la courbure rappelle la barbe de Barbe, une rage titubante et désordonnée tente de se frayer un passage entre mes dents serrées, elle parle.

280

J'en étais là de ma déprime post beuverie quand Avril est venue me chercher en silence, et m'a traîné dans les bois, au pied d'un hêtre dont les gros yeux qui marquaient les nœuds semblaient bouger au rythme de la vague éthylique qui clapotait au fond de mon estomac. Il me semblait que cet arbre m'observait avec la complicité malveillante de tous les arbres du voisinage. J'aimais pas bien l'idée. Il y en aurait forcement un qui irait cafter à Barbe.

279

Quand le concert s'est terminé, doucement, j'ai senti que je n'étais pas le bienvenu pour aider à remballer le matériel, entre Avril et Barbe je n'avais pas ma place. J'essayais de faire des efforts pour amadouer ce vieux con, peine perdue. Plus loin, un peu à l'écart, les centaures sont regroupés autour d'un feu, et l'un d'eux conte une histoire en dansant au rythme d'un tambourin. Le type a l'air possédé, c'est sûrement la framboise.